MILTON ERICKSON
« Milton Erickson fut le plus grand hypnotiseur de tous les temps » – Chertok
Milton Hyland Erickson (1901-1980), psychiatre et psychothérapeute américain, a connu une vie de souffrance et de combat contre la maladie, ce qui a sans aucun doute participé à forger sa personnalité obstinée, inventive, et probablement -paradoxalement- à lui donner un grand sens de l’humour.
Il a en effet personnellement souffert de diverses maladies et problèmes physiques : très handicapé du côté droit, il souffrait de dyslexie, ne pouvait percevoir les rythmes et la hauteur des sons, et ne voyait vraiment bien que la couleur violette qu’il adorait et utilisait beaucoup, etc… A l’âge de 17 ans, il est frappé par la poliomyélite. Furieux d’avoir entendu le médecin annoncer à sa mère que son fils mourrait sans doute avant le lever du jour, il mobilise toutes ses ressources et réussit à survivre jusqu’à l’aurore… Toutefois, aux premiers rayons de soleil, il sombre, trois jours et trois nuits durant, dans un profond coma qui le laissera entièrement paralysé. Il “profitera” de cette immobilité forcée pour aiguiser son sens de l’observation déjà développé.
La légende raconte qu’un jour, alors qu’il avait été mis à reposer sur le rocking-chair habituel, face à la fenêtre, il fut pris d’une si grande envie de pouvoir revoir les travaux de la ferme familiale que son fauteuil finit par se mettre à basculer !… Surpris et sans doute plein d’espoir, il se mit à travailler sur cet effet de l’imagination qui avait bel et bien réussi à faire bouger son corps paralysé. Milton Erickson venait de redécouvrir l’activation idéomotrice de l’Hypnose de Bernheim.
Un an plus tard, grâce aussi aux efforts constants de rééducation de son infirmière, le jeune Erickson était debout !
Six mois après, il partait seul en randonnée, en canoë, afin de prouver à ses parents sa santé retrouvée.
Erickson, jeune étudiant en médecine, étudie d’abord l’Hypnose classique avec Clark Hull, un spécialiste qui prône les inductions standardisées (ce qui n’est pas toujours le cas en Hypnose Classique). Bref, le jeune Erickson est déçu par ce manque d’adaptabilité et met alors en place sa propre “façon de faire” (1923), toujours “classique” mais plus intuitive (à la manière d’un Donato, par exemple).
En 1928, il devient médecin et décroche un doctorat en Psychologie.
En 1932, Erickson publie son premier article sur l’Hypnose.
Il travaille d’arrache-pied, commençant tôt le matin, finissant tard dans la nuit. Il aimait réétudier ses consultations de la journée avec sa femme, psychologue, afin d’épurer ses prochaines consultations. Erickson voulait extraire de chaque phrase, de chaque mot, l’essence active, la puissance de changement, purger l’inutile, mieux comprendre les mécanismes humains…
Il trouva tout de même le temps de faire huit enfants : trois avec sa première femme (dont Carol, sa fille aînée) et cinq avec sa seconde femme, Elizabeth, psychologue, qu’il épouse en 1936.
En 1942, Lawrence Kubie, éminent neurologue spécialiste de l’hypnose, aide Erickson à se faire connaître et l’invite à la première conférence Macy, qui sera à l’origine de la cybernétique.
En 1948, Milton Erickson déménage pour Phoenix, en Arizona, à cause de violentes crises d’allergie qui l’ont immobilisé de longues semaines durant l’hiver précédent. Un an après, il quitte l’hôpital, ouvre un cabinet de consultations privées et participe, avec l’obstétricien William Kroger et le psychologue d’origine française André Weitzenhoffer, à la création de la Society for Clinical and Experimental Hypnosis.
A l’âge de 51 ans, la poliomyélite frappe à nouveau Erickson, ce qui est un phénomène peu courant et qui a participé à sa “légende”… car il s’en guérit à nouveau (toutefois, certains médecins mettent en doute qu’il s’agissait vraiment d’une seconde polio). Milton Erickson gardera les séquelles de cette deuxième crise jusqu’à la fin de ses jours : il devait se déplacer la plupart du temps en fauteuil roulant, souffrait beaucoup et mettait une heure, tous les matins, à diminuer un peu ses douleurs…
En 1957, Milton Erickson fonde avec William Kroger l’American Society of Clinical Hypnosis.
Dans le milieu des années 1950, Milton Erickson dut prouver sa compétence éthique et scientifique devant le “Conseil de l’Ordre des Médecins”, qui trouvait étrange sa pratique et voulait le radier !… Comme quoi… Erickson fit ses preuves et sortit victorieux de cette confrontation (comme Freud, à son époque, à qui il était arrivé la même mésaventure).
En 1973, le nom d’Erickson devient connu du grand public à la suite de la publication par Jay Haley du livre “Uncommon therapy” (“Un thérapeute hors du commun”). L’année suivante, Erickson rencontre, par l’intermédiaire de son ami Gregory Bateson, les fondateurs de la PNL : Richard Bandler et John Grinder. Au cours des six dernières années de sa vie, Erickson accueille chez lui de nombreux psychothérapeutes venus du monde entier pour discuter avec eux d’hypnose, de thérapie et de la vie en général, au cours de séances quotidiennes de quatre à cinq heures
A la fin de sa vie, Milton Erickson ne se levait plus que pour passer de son fauteuil roulant à son bureau, son bras droit était presque complètement invalide, son dos le faisait énormément souffrir, son corps balançait de gauche et de droite spontanément et il avait de la peine à parler, ce qui lui donnait cette voix grave et rocailleuse si particulière.
D’un naturel joueur et curieux de la vie, Erickson utilisait son corps et ses différences. Il prenait plaisir à plaisanter avec ses patients, à expérimenter avec eux de nouvelles approches.
Aujourd’hui, la pratique de l’Hypnose Thérapeutique a considérablement évolué, avec la Nouvelle Hypnose et l’Hypnose Humaniste. On gardera de Milton H. Erickson la mémoire d’un pionnier, d’un découvreur sans qui rien n’aurait été possible. Ce sont ses élèves et amis, Jay Haley, Ernest Rossi, Jeffrey Zeig et tant d’autres, qui ont fait connaître son œuvre et l’ont faite grandir…
Le Chemin est désormais ouvert. Et il n’attend que vous !